Les soirs d’été, lorsque la lumière décline et que la chaleur du jour s’efface, j’aime m’installer sur la terrasse. C’est souvent à ce moment-là qu’elles apparaissent : de petites ombres rapides, virevoltantes, traçant des arabesques dans l’air au-dessus du jardin.
Elles passent si près qu’on entend parfois le froissement discret de leurs ailes : les chauves-souris sont de sortie.

On les confond encore avec des oiseaux de nuit, des créatures étranges surgies du crépuscule. Leur vol silencieux et leurs manières furtives ont nourri, depuis des siècles, quantité de contes et de légendes : servantes des vampires, messagères du diable, porteuses de malchance… Autant d’histoires qui leur ont forgé une réputation qu’elles ne méritent pas.

Pourtant, derrière ces mythes se cache un monde fascinant : celui de petits mammifères aussi discrets qu’indispensables. Présentes partout en Belgique, des parcs urbains aux forêts ardennaises, elles veillent la nuit sur nos écosystèmes et participent à l’équilibre de la nature.
Et si nous apprenions à les regarder autrement ?

Dans cet article, je vous propose de partir à leur rencontre : comprendre comment vivent les chauves-souris de Belgique, où elles dorment, ce qu’elles mangent, et surtout pourquoi elles sont si importantes pour nos écosystèmes.
Car connaître les chauves-souris, c’est déjà commencer à les protéger.

D’où viennent les chauves-souris et combien d’espèces vivent en Belgique ?

Les chauves-souris peuplent la Terre depuis des millions d’années.
Des fossiles vieux de cinquante millions d’années ont été découverts en Allemagne : ils montrent que ces mammifères volaient déjà et utilisaient les ultrasons pour se repérer.
Autant dire qu’elles ont eu le temps de perfectionner leur art.

Elles appartiennent à l’ordre des Chiroptères, un mot grec qui signifie “mains ailées”.
C’est le seul groupe de mammifères capable de voler activement.
Pas de plumes ici : leurs ailes sont formées d’une fine membrane de peau tendue entre leurs doigts allongés.
Chaque battement est souple, précis et parfaitement adapté à la chasse nocturne.

Dans le monde, on compte plus de 1 400 espèces de chauves-souris.
Elles représentent près d’un quart de tous les mammifères connus !
Mais la plupart vivent dans les régions chaudes, sous les tropiques.
En Belgique, leur diversité est plus modeste : on y dénombre 24 espèces à ce jour, toutes insectivores.

Elles se divisent en deux grandes familles :

  • Les Rhinolophes, reconnaissables à leur drôle de nez en forme de fer à cheval.
  • Les Vespertilions, au museau lisse et aux oreilles variées.

Certaines sont très communes, comme la pipistrelle, minuscule et vive.
D’autres sont devenues rares, comme le grand rhinolophe, que l’on observe à peine encore dans quelques grottes ou combles d’églises du sud du pays.

Malgré leur discrétion, elles sont partout.
Dans un grenier, sous un pont, dans un vieux tronc têtard, ou parfois au-dessus de votre jardin au crépuscule.
Elles partagent nos nuits, silencieuses et précieuses, souvent sans que nous nous en rendions compte.

Großes Mausohr

À quoi ressemblent les chauves-souris en Belgique ?

Vu de loin, on les imagine sombres, presque inquiétantes.
Pourtant, une chauve-souris qu’on observe de près est un animal délicat, presque fragile.
Son corps est couvert d’un fin pelage.
Ses yeux sont petits mais vifs.
Et surtout, ses ailes attirent immédiatement le regard.

Ces ailes sont en réalité des mains transformées.
Cinq doigts, comme les nôtres, mais allongés et reliés par une membrane de peau souple appelée patagium.
Chaque mouvement de ces doigts guide le vol avec une précision étonnante. Elles peuvent changer de direction en un clin d’œil, plonger, remonter ou tourner sur place. Aucune autre créature ne vole ainsi.

Contrairement à ce qu’on croit, les chauves-souris ne sont pas aveugles.
Elles voient, souvent mieux qu’on ne l’imagine.
Mais leur vrai secret, c’est l’écholocation.
En pleine nuit, elles émettent de minuscules ultrasons par la bouche ou les narines. Ces sons rebondissent sur tout ce qui les entoure : arbres, murs, insectes. L’écho revient vers elles, et leur cerveau l’analyse aussitôt. Elles « entendent » ainsi la forme du monde autour d’elles. Un sonar naturel, plus précis que n’importe quelle machine humaine.

Chaque espèce a sa signature sonore.
Une oreille entraînée peut reconnaître une pipistrelle d’un grand murin rien qu’en écoutant le rythme et la fréquence de ses cris.
C’est grâce à cette langue invisible du son qu’elles peuvent chasser dans le noir total, sans jamais se heurter.

Leur morphologie cache d’autres curiosités.
Leurs pieds, dotés de griffes puissantes, leur permettent de dormir la tête en bas.
Une position étrange, mais efficace : au moindre danger, il suffit de lâcher prise pour s’envoler.
Et leur cœur, capable de battre mille fois par minute en plein vol, ralentit presque jusqu’à l’arrêt quand elles hibernent.
Un corps taillé pour la vie entre deux mondes : celui du ciel et celui de la pierre.

Où vivent les chauves-souris en Belgique ?

Les chauves-souris en Belgique vivent dans une grande variété de gîtes, naturels ou construits par l’homme. Elles partagent nos villages, nos forêts, nos parcs… en toute discrétion.
Leur monde se divise entre deux saisons, deux types d’abris : les gîtes d’été et les gîtes d’hiver.


Les gîtes d’été : chaleur et maternités

Au printemps, quand les insectes réapparaissent, les chauves-souris quittent leurs refuges d’hiver.
Les femelles se rassemblent alors pour former des colonies de maternité.
Elles recherchent des endroits chauds, calmes et sombres : combles d’église, greniers, fissures sous les toitures, arbres creux.
Elles y mettent au monde un seul petit, qu’elles allaitent pendant plusieurs semaines.

Pendant ces nuits d’été, elles sortent chasser dès le crépuscule, puis reviennent à plusieurs reprises au gîte pour nourrir leur jeune.
Les mâles, eux, préfèrent rester seuls ou en petits groupes, souvent dans d’autres abris.
C’est une vie bien réglée, rythmée par la chaleur et l’abondance des insectes.


Les gîtes d’hiver : silence et froid maîtrisé

Dès l’automne, le rythme change. Les nuits se rafraîchissent, les insectes se font rares.
Les chauves-souris cherchent alors un refuge où passer l’hiver.
Elles entrent en hibernation dès que la température chute sous les 10 °C.

Leur abri doit répondre à trois conditions :

  • être calme, pour éviter tout réveil prématuré,
  • humide, pour qu’elles ne se déshydratent pas,
  • et froid, mais sans gel (entre 1 et 12 °C selon l’espèce).

Elles choisissent souvent des grottes, des mines désaffectées, des tunnels ou même de vieilles caves humides.
Certaines s’accrochent seules, d’autres forment de petites grappes serrées pour conserver la chaleur.
Dans ces lieux paisibles, elles peuvent rester immobiles pendant plusieurs mois, vivant sur leurs réserves de graisse.


Entre nature et humanité

Certaines espèces sont forestières, d’autres sont urbaines.
Les premières logent volontiers dans les arbres creux, les fentes d’écorce ou les vieux troncs têtards.
Les secondes ont appris à cohabiter avec nous, profitant de nos bâtiments pour s’abriter.
Elles trouvent refuge là où la nature et l’homme se croisent — dans un grenier oublié, un clocher, un pont, ou même une boîte à volet.

Mais ces gîtes deviennent rares.
Les rénovations modernes ferment les accès.
Les arbres morts sont souvent abattus.
Et les visites dans les grottes dérangent les colonies endormies.
Un simple réveil peut suffire à leur faire gaspiller assez d’énergie pour en mourir avant le printemps.


Elles ont besoin de calme, d’obscurité, de patience.
Et d’un peu de bienveillance de notre part.
Car leur survie dépend surtout d’un mot trop souvent oublié : refuge.

Que mangent les chauves-souris ?

Les chauves-souris sont des chasseuses de la nuit. Elles sortent quand la lumière baisse, au moment où les insectes s’agitent dans l’air tiède.
Leur menu est varié : moustiques, papillons de nuit, mouches, coléoptères, araignées…
Toutes les espèces européennes sont insectivores.
Et leur appétit est immense : une seule pipistrelle peut avaler près de 3 000 moustiques en une nuit.

Des techniques de chasse bien rôdées

Chaque espèce a sa manière de trouver le dîner.

  • En plein vol : la pipistrelle ou la noctule capturent leurs proies dans les airs, avec une agilité stupéfiante.
  • Au ras de l’eau : le murin de Daubenton frôle la surface des rivières et attrape les insectes avec ses grands pieds.
  • Dans le feuillage : l’oreillard gris écoute une chenille qui ronge une feuille, puis la saisit délicatement.
  • Au sol : le grand murin, lui, se sert de son ouïe fine pour repérer les coléoptères qui marchent dans l’herbe.

Elles ne chassent pas au hasard.
Leur écholocation leur permet de distinguer un moustique d’une simple poussière. Elles adaptent même la fréquence de leurs ultrasons selon la proie ou le milieu.

Des alliées naturelles précieuses

En une saison, une colonie peut éliminer des millions d’insectes. Ce sont de véritables régulateurs biologiques, indispensables à l’équilibre naturel.
Dans les campagnes, elles limitent les ravageurs des cultures.
Dans les villes, elles réduisent la présence des moustiques.
Elles travaillent gratuitement, sans bruit et sans pollution.

On pourrait dire qu’elles reprennent le travail quand les hirondelles vont se coucher. Elles sont leur relève nocturne, discrète et efficace.

Un rôle écologique sous-estimé

Les chauves-souris participent à la biodiversité fonctionnelle : elles relient le monde des insectes, des plantes et des hommes.
Leur présence indique un environnement sain, riche en nourriture et en refuges.
Quand elles disparaissent, c’est souvent le signe que quelque chose ne va plus : trop de pesticides, trop de lumière, trop de bruit.

Les observer, c’est donc bien plus qu’un simple plaisir du soir. C’est mesurer la santé silencieuse de nos paysages.

Comment se déroule leur cycle de vie ?

La vie d’une chauve-souris suit les saisons avec une précision d’horloge. Chaque période demande une adaptation différente.
Leur année se divise en quatre temps, calés sur la température et la présence d’insectes.

Le printemps : le réveil

Quand les premiers insectes réapparaissent, les chauves-souris sortent de leur hibernation. Elles ont perdu près d’un tiers de leur poids pendant l’hiver. Il leur faut vite reconstituer leurs réserves.
Elles chassent intensément, parfois dès les premiers soirs doux. Les femelles rejoignent alors des gîtes plus chauds, souvent les mêmes d’année en année.

L’été : la naissance des jeunes

En mai ou juin, les femelles se regroupent dans des colonies appelées « maternités ». Chaque femelle donne naissance à un seul petit. Nu, aveugle et minuscule, il s’accroche fermement à sa mère pendant plusieurs semaines. Les mères partent chasser la nuit, puis reviennent allaiter leur petit avant de repartir. Au cœur de l’été, les jeunes prennent leur envol et apprennent à chasser seuls.
C’est la période la plus active de l’année.

L’automne : les amours et les réserves

À la fin de l’été, les chauves-souris se préparent à l’hiver. Elles mangent beaucoup pour constituer une épaisse réserve de graisse.
Les mâles cherchent à s’accoupler. Mais la fécondation est différée : le corps des femelles garde le sperme jusqu’au printemps suivant. Une stratégie étonnante qui leur permet de ne se reproduire qu’une fois les beaux jours revenus.

L’hiver : le grand sommeil

Lorsque le froid s’installe et que les insectes disparaissent, les chauves-souris entrent en hibernation. Elles choisissent un gîte stable, humide et calme. Leur température corporelle chute presque au niveau de celle de l’air. Le cœur ralentit, la respiration devient imperceptible. Elles peuvent ainsi rester immobiles plusieurs mois, vivant sur leurs réserves.
Le moindre dérangement peut leur coûter la vie : se réveiller consomme une grande partie de l’énergie nécessaire pour survivre jusqu’au printemps.


Leur cycle est fragile, mais parfaitement adapté à notre climat.
Elles connaissent les rythmes du monde mieux que nous.
Elles s’endorment avec l’hiver, se réveillent avec la lumière, et rappellent à leur manière que chaque saison a sa place.

Pipistrellus pipistrellus (5933130195)

Quelles espèces peut-on observer en Belgique ?

Nos nuits belges abritent une étonnante diversité de chauves-souris.
Certaines vivent en ville, d’autres préfèrent les forêts, les rivières ou les prairies bocagères.
Elles sont partout, mais souvent invisibles.
En tout, 24 espèces ont été recensées en Belgique.
Voici les plus représentatives, celles que l’on peut espérer croiser au détour d’une soirée d’été.

La pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus)

C’est la plus petite, mais aussi la plus proche de nous.
Elle pèse à peine cinq grammes et tient dans une boîte d’allumettes.
On la voit souvent tourner autour des lampadaires, où elle trouve quantité d’insectes.
Elle se loge volontiers sous les toitures, derrière les volets ou dans les fissures des murs.
Rapide et nerveuse, elle chasse dans les jardins, les parcs et les villages.

Le grand murin (Myotis myotis)

Un colosse parmi les chauves-souris d’Europe.
Son dos brun-gris contraste avec son ventre clair.
Il préfère les vastes combles des bâtiments anciens.
La nuit, il chasse au sol, écoutant les pas des coléoptères dans l’herbe.
Ses terrains de chasse peuvent s’étendre sur plusieurs kilomètres.

L’oreillard gris (Plecotus austriacus)

Impossible de le confondre.
Ses grandes oreilles, presque aussi longues que son corps, sont sa signature.
Elles lui permettent d’entendre la moindre chenille en train de ronger une feuille.
Il glane ses proies dans le feuillage des arbres ou au-dessus des prairies bocagères.
Discret, il apprécie les combles calmes et les vieux vergers.

Le murin de Daubenton (Myotis daubentonii)

Il aime l’eau.
On le repère souvent au-dessus d’un étang ou d’une rivière, rasant la surface à la recherche d’insectes.
Ses grands pieds poilus lui servent d’épuisette pour capturer ses proies.
Il dort dans les ponts, les arbres creux ou les galeries humides.
C’est une espèce assez commune, facile à observer avec une lampe et un peu de patience.

La sérotine commune (Eptesicus serotinus)

Une grande espèce, aux ailes sombres et au museau prononcé.
Elle chasse souvent en bordure des jardins et des prairies, attirée par les lumières artificielles.
Ses vols sont amples, un peu lourds, mais très efficaces.
Elle s’abrite dans les combles ou sous les tuiles des maisons.
On la voit parfois dès la tombée du jour.

Le grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum)

Rare et fragile, c’est une espèce en déclin.
Son nez en forme de fer à cheval lui donne un air singulier.
Il recherche des gîtes chauds et calmes, souvent dans les églises ou les grottes.
Très sensible au dérangement, il hiberne dans les lieux les plus tranquilles.
Il chasse à l’affût, notamment les insectes qui vivent dans les prairies et les lisières.


Ces espèces ne sont qu’un aperçu.
Chacune a son territoire, son rythme, ses préférences.
Les observer, c’est découvrir un monde parallèle au nôtre, un peuple discret qui ne vit qu’à la nuit tombée.
Et toutes ensemble, elles racontent une même histoire : celle d’un équilibre fragile entre la nature, la lumière et le silence.

Une chauve-souris accrochée à une paroi rocheuse dans une grotte sombre en Belgique.
Chauve-souris (rhinolophe) se reposant dans une fissure rocheuse des grottes de Comblain-au-pont, symbolisant leur habitat naturel en Belgique.

Pourquoi les chauves-souris sont-elles menacées ?

Les chauves-souris ont survécu à des millions d’années d’évolution. Mais depuis quelques décennies, elles peinent à s’adapter à un monde qui change trop vite. Partout en Europe, leurs populations reculent. En Belgique, plusieurs espèces autrefois communes ont disparu de régions entières.

Moins de nourriture

Leur première menace, c’est la disparition des insectes.
Les moustiques, papillons et coléoptères sont de moins en moins nombreux.
Les pesticides, l’agriculture intensive et l’éclairage nocturne ont bouleversé leurs cycles.
Moins d’insectes, c’est moins de proies, donc moins de chances de survie.
Une colonie affaiblie met des années à se reconstituer.

Moins de refuges

Les chauves-souris dépendent d’une multitude de gîtes : combles, arbres creux, grottes, tunnels.
Ces refuges disparaissent peu à peu.
Les rénovations modernes ferment les accès aux toitures.
Les vieux ponts sont cimentés, les arbres morts abattus.
Même les grottes et carrières, autrefois refuges d’hiver, sont souvent grillagées ou trop visitées.
Chaque ouverture condamnée peut priver des dizaines d’individus d’un abri essentiel.

Trop de lumière, trop de bruit

La lumière artificielle perturbe leurs trajets de chasse.
Certaines espèces refusent de traverser les zones éclairées.
D’autres, comme la pipistrelle, s’y risquent mais deviennent plus exposées aux prédateurs.
Les bruits constants – circulation, machines, musique – modifient aussi leur comportement.
Elles évitent les milieux qu’elles fréquentaient autrefois.

Des dérangements répétés

L’hiver, un simple passage dans une grotte peut réveiller une colonie entière.
Chaque réveil consomme une part précieuse de leurs réserves.
Quelques visites suffisent parfois à faire mourir plusieurs individus avant le printemps.
Ces dérangements, souvent involontaires, se multiplient avec la fréquentation touristique des sites naturels.

Une reproduction lente

Les chauves-souris n’ont qu’un petit par an.
Une perte de quelques adultes peut donc déséquilibrer toute une colonie.
Elles ne compensent pas les pertes aussi vite que les autres mammifères.
C’est ce qui les rend si vulnérables.


Elles ne demandent pourtant pas grand-chose : un peu d’obscurité, du calme, et des insectes en quantité.
Mais ces trois conditions deviennent rares.
C’est pourquoi chaque gîte préservé, chaque haie conservée, chaque lumière éteinte compte réellement.

Comment aider les chauves-souris près de chez soi ?

Aider les chauves-souris en Belgique ne demande pas de grands moyens. Un peu d’attention, quelques gestes simples, et beaucoup de respect suffisent à leur offrir un environnement favorable. Elles se contentent de peu, mais ce peu doit être bien pensé.

Préserver les refuges

Les chauves-souris utilisent nos bâtiments comme abris depuis des siècles.
Avant de rénover un grenier, une église ou une vieille grange, il vaut la peine de vérifier si elles y logent déjà.
Si c’est le cas, on peut laisser un accès discret : une petite ouverture sous la toiture ou dans une lucarne suffit.
Il existe aussi des nichoirs à chauves-souris, faciles à installer sur un mur ou un tronc d’arbre.
Ils remplacent les gîtes perdus, à condition d’être placés à l’abri du vent et orientés au sud ou au sud-est.

Réduire les lumières nocturnes

L’éclairage artificiel est un obstacle invisible. Il coupe les couloirs de vol et éloigne les insectes de leurs milieux naturels.
Éteindre les lampes extérieures inutiles, ou utiliser des ampoules à lumière chaude et dirigée vers le sol, aide les chauves-souris à circuler librement. C’est aussi un geste bénéfique pour d’autres animaux nocturnes : papillons, crapauds, hérissons.

Redonner une place à la nature

Un jardin trop « propre » ne leur sert à rien.
En revanche, un jardin naturel et vivant attire la vie nocturne.
On peut y laisser quelques coins sauvages, une haie champêtre, ou une mare sans poissons.
Les insectes y reviennent, et avec eux, les chauves-souris.
Planter des espèces locales (noisetiers, aubépines, prunelliers) crée un véritable garde-manger.
Les bandes fleuries, les composts ouverts et les prairies non tondues sont aussi de précieuses sources d’insectes.

Éviter les produits chimiques

Les pesticides, insecticides et autres traitements de jardin sont fatals à la chaîne alimentaire. Ils tuent les insectes dont se nourrissent les chauves-souris. Les éviter, c’est leur rendre leur principale source de nourriture.
Un jardin sans chimie, c’est un jardin plein de vie.

Observer sans déranger

Il est possible d’observer les chauves-souris sans nuire à leur tranquillité.
Au crépuscule, installez-vous dans un coin sombre du jardin et attendez. Leur vol rapide et zigzaguant trahit leur présence.
Pour les curieux, il existe des détecteurs d’ultrasons qui rendent audibles leurs cris de chasse. Mais jamais de lampe braquée, ni d’approche directe dans les gîtes. Le respect reste la première règle de la cohabitation.


Aider les chauves-souris, c’est finalement réapprendre à vivre avec la nuit.
C’est redonner à l’obscurité sa place, et au silence sa valeur.
Et, en retour, elles veillent sur nos soirées d’été, invisibles mais bien présentes, à la recherche d’un dernier moustique avant l’aube.

Quelle place pour les chauves-souris dans nos écosystèmes ?

Les chauves-souris jouent un rôle essentiel dans la nature.
Elles ne sont pas seulement des chasseuses d’insectes : elles maintiennent l’équilibre entre les espèces.
Chaque nuit, elles régulent la population d’insectes volants.
Elles empêchent ainsi la prolifération de nuisibles et participent, discrètement, à la santé des forêts, des vergers et des jardins.

Elles sont aussi un indicateur de la qualité de l’environnement.
Lorsqu’une colonie s’installe dans un village ou un bois, c’est le signe d’un milieu riche, vivant et relativement épargné.
Leur disparition, au contraire, traduit souvent un déséquilibre : trop de pesticides, trop de lumière, pas assez d’abris.

Elles rappellent que la nature ne se limite pas à ce que l’on voit le jour.
La vie nocturne a ses habitants, ses rôles, ses équilibres.
Et sans elle, le cycle global de la biodiversité se fragilise.

Vivre avec les chauves-souris, c’est accepter une part d’ombre dans notre quotidien.
C’est reconnaître que l’obscurité n’est pas l’ennemie de la vie, mais une composante essentielle du monde vivant.

Intérieur d'une grotte avec des formations rocheuses et des ombres créées par un éclairage subtil.
Une vue des formations rocheuses dans une grotte, symbole des habitats d’hiver des chauves-souris en Belgique.

Conclusion

On les a longtemps craintes, mal comprises, parfois chassées.
En apprenant à mieux connaître les chauves-souris en Belgique, nous découvrons un monde discret, essentiel et fragile, qu’il nous appartient de protéger.
Elles protègent nos cultures, allègent nos soirées d’été de quelques moustiques, et témoignent de la bonne santé de nos paysages.

Elles ne demandent rien d’autre que la tranquillité et un peu de respect.
Éteindre une lampe, laisser un vieux tronc debout, préserver une haie… autant de gestes simples qui leur offrent une chance de rester parmi nous.

Alors la prochaine fois que vous les verrez danser dans le ciel du soir, pensez-y : ces ombres rapides ne sont pas des messagères du malheur, mais les gardiennes silencieuses de nos nuits.

Ressources à découvrir
Natagora – Protéger les chauves-souris
SPW Environnement – Les chauves-souris en Wallonie

FAQ – Chauves-souris en Belgique

Où dorment les chauves-souris en Belgique ?

Les chauves-souris dorment le jour dans des gîtes calmes et sombres : combles, arbres creux, grottes ou caves.
En été, les femelles se regroupent dans des colonies de maternité, tandis qu’en hiver, elles hibernent dans des refuges frais et humides.

Comment les chauves-souris se repèrent-elles dans le noir ?

Elles utilisent un système d’écholocation : elles émettent des ultrasons et interprètent les échos renvoyés par leur environnement.
Ce sonar naturel leur permet de chasser et de se déplacer sans lumière.

Quelle est la chauve-souris la plus commune en Belgique ?

La pipistrelle commune est l’espèce la plus répandue en Belgique.
Petite et vive, elle chasse souvent autour des lampadaires et dans les jardins, où elle capture des milliers d’insectes chaque nuit.

Pourquoi les chauves-souris sont-elles protégées ?

Les chauves-souris sont protégées en Belgique car leurs populations ont fortement diminué.
Elles souffrent de la perte d’habitats, de la pollution lumineuse et de la raréfaction des insectes.
Elles jouent pourtant un rôle essentiel dans la régulation naturelle des écosystèmes.

Comment aider les chauves-souris près de chez soi ?

Éteindre les lumières extérieures, éviter les pesticides, planter des haies et installer un nichoir sont des gestes simples qui favorisent les chauves-souris.
Ces aménagements leur offrent nourriture et abris tout en préservant la biodiversité locale.